Sommet des Nations Unies pour les réfugiés et les migrants

Berne, 19.09.2016 - La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. La parole prononcée fait foi.

Monsieur le Président, Excellences,
Mesdames et Messieurs,

L'année dernière, l'Europe a connu ce que de nombreux pays d'Afrique ou du Moyen-Orient vivent depuis des décennies: l'arrivée quotidienne de milliers de personnes à la recherche de protection ou d'une vie meilleure.

Comment l'Europe a-t-elle réagi face à ce défi - certes de taille? Nous l'avons vu: l'Europe n'était pas préparée. Souvent dépassée, elle n'a pas réussi à donner à cette crise une réponse commune.

La crise nous l'a malheureusement montré : dans les situations d'urgence, nombreux sont ceux qui ne pensent qu'à eux-mêmes.

Aujourd'hui, il n'existe toujours pas de politique d'asile commune au niveau européen. Cependant, l'arrivée de milliers de personnes fuyant la guerre a donné lieu à une action commune en Europe.

Les programmes de relocalisation et de réinstallation ont été décidés l'année dernière sous haute pression politique. Même s'ils ne vont pas assez loin, ils vont au moins dans la bonne direction : celle d'une responsabilité partagée.

Dès lors, ne permettons pas que la migration soit exploitée par les partis populistes à des fins de politique intérieure.

Cela dit, quel est le rôle de la communauté internationale face à la hausse des mouvements migratoires? Je vais vous l'énumérer en cinq points :

En premier lieu: nous devons préserver les acquis. La Convention sur les réfugiés de 1951 et les traités de sauvegarde des droits de l'homme sont à ce jour les meilleurs instruments pour garantir la protection

des migrants et des réfugiés. Lorsque les 147 Etats signataires de la Convention de Genève respecteront pleinement leurs engagements, nous aurons déjà accompli un grand pas.

Deuxièmement: nous devons trouver des solutions pour répartir équitablement, à l'échelle globale, les responsabilités issues des défis internationaux. Et lorsque les Etats ne peuvent pas respecter leurs engagements en matière de protection, la communauté internationale doit apporter son assistance.

En troisième lieu : nous devons trouver des réponses aux nouvelles formes de déplacement forcé : p.ex. les mouvements causés par le réchauffement climatique. C'est également pour cette raison que la Suisse soutient l'intégration de l'OIM dans le système des Nations Unies. Nous voyons cette étape comme une chance de renforcer la coopération entre les principaux acteurs en matière de migration et de déplacement forcé. C'est également une opportunité de mettre en place de nouveaux instruments en matière de protection.

Quatrièmement : la politique multilatérale doit toujours considérer la migration comme une chance. Dans la majeure partie des cas, les migrantes et les migrants contribuent par leur travail à la promotion du bien-être, aussi bien dans leur pays de résidence que d'origine. C'est également pour cette raison qu'il était crucial d'inclure la migration à l'Agenda 2030 pour le développement durable.

Enfin, cinquièmement : la politique multilatérale en matière de migration nécessite des plateformes permettant les échanges et la coopération entre les Etats. Pendant longtemps, cela n'a pas été possible, car on craignait de ne pas trouver un terrain d'entente, en raison d'intérêts opposés.

Mesdames et Messieurs.

Pour toutes ces raisons, la Suisse soutient avec une grande conviction la Déclaration que nous adoptons aujourd'hui. Celle-ci souligne les trois priorités suivantes, que la Suisse considère comme essentielles pour l'avenir :

  • le renforcement de la protection des réfugiés et des migrants en situations vulnérables.
  • la prévention des déplacements forcés, en s'attaquant à leurs causes. Et:
  • La promotion de l'autonomie économique et sociale des personnes déplacées, en tenant compte des intérêts et des besoins de la population locale.

La Suisse soutient également l'élaboration de deux pactes mondiaux sur la migration et les réfugiés jusqu'en 2018.

La Suisse en est convaincue : le succès de ces initiatives dépendra de la coopération entre tous les acteurs - les Etats, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé.

La réussite de ces initiatives dépendra tout autant de leur capacité à tirer profit de l'expertise de Genève en tant que centre névralgique des questions liées aux migrations et aux réfugiés. La Suisse tient à exprimer son plein soutien à cet égard, tout comme sa disponibilité à assumer un rôle actif et moteur dans ce domaine.

Mesdames et Messieurs,

L'histoire nous montre, encore et toujours, qu'il existe toujours deux manières de répondre aux défis internationaux de grande ampleur :

D'une part, le repli sur ses affaires nationales, et d'autre part, le courage d'effectuer des pas innovants vers une coopération multilatérale renforcée.

Dans le domaine de la migration, les crises ont souvent été à l'origine des plus grandes avancées sur le plan multilatéral - rappelons-nous de la Convention de Genève, qui a vu le jour après la 2ème Guerre Mondiale.

Ne nous faisons pourtant pas d'illusions : les processus multilatéraux ne résoudront jamais, à eux seuls, tous les problèmes. J'en demeure toutefois convaincue : ils sont aujourd'hui plus importants que jamais.

Il reste de nombreuses questions ouvertes dans la politique multilatérale en matière de réfugiés et de migration, tout comme il existe également de nombreux intérêts, parfois opposés. Cependant, il ne doit y avoir qu'un seul compas, à l'aide duquel nous orienter : celui de la dignité humaine.

 


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