Plusieurs années se sont écoulées depuis la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan. Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) a procédé à une analyse approfondie de la situation dans ce pays. De récents rapports (état au mois d’avril 2025) indiquent que la situation générale en matière de sécurité s’est nettement améliorée dans tout le pays par rapport à celle observée au moment de la prise de pouvoir des talibans en août 2021. L’analyse du SEM a montré que la situation socio-économique s’était elle aussi légèrement améliorée.
La situation générale en matière de sécurité doit être dissociée de la situation sur le plan des droits de l’homme, laquelle a continué de se détériorer sous le régime taliban, en particulier pour les femmes. Le SEM tient bien évidemment toujours compte de ce constat et accorde une protection aux personnes concernées.
De nombreuses questions persistent au sujet de l’Afghanistan ; nous avons sélectionné les plus fréquentes et y répondons ci-dessous.
Accès direct
Généralités
La Suisse a-t-elle une représentation en Afghanistan ?
Oui. Depuis le mois de mars 2025, la Direction du développement et de la coopération (DDC) possède à nouveau un bureau en Afghanistan : une équipe d’experts du Corps suisse d’aide humanitaire a repris ses activités à Kaboul. Les dossiers politiques et les services consulaires restent toutefois du ressort de l’ambassade de Suisse à Islamabad.
Pourquoi les requérants d’asile en provenance d’Afghanistan sont-ils si nombreux ?
Depuis 2021, l’Afghanistan est le principal pays de provenance des requérants d’asile en Suisse et le deuxième en Europe après la Syrie. Seule une minorité des Afghans qui déposent une demande d’asile en Suisse (ou ailleurs en Europe) viennent directement d’Afghanistan. La majorité ont déjà passé plusieurs années à l’étranger ‒ en Iran et en Turquie pour beaucoup, au Pakistan pour certains. Selon les estimations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, on compte actuellement 4,5 millions d’Afghans en Iran et 2,8 au Pakistan. En Turquie, ils sont au moins 150 000. À la suite des événements de 2021, ces trois États ont fait pression sur les ressortissants afghans présents sur leur territoire pour qu’ils rentrent au pays, provoquant une augmentation de la migration vers l’Europe, Suisse comprise.
Visas humanitaires
Qui peut demander un visa humanitaire ?
Les personnes dont la vie et l'intégrité physique sont concrètement, directement et gravement menacées dans leur pays d'origine ou de provenance peuvent déposer personnellement une demande de visa humanitaire auprès d'une représentation diplomatique ou consulaire suisse à l'étranger habilitée à délivrer des visas (art. 4, al. 2 de l'ordonnance sur l'entrée et la délivrance de visas [OEV]). Il n'existe aucun droit légal à la délivrance d'un visa.
Où peut-on déposer une demande de visa humanitaire ?
Actuellement, une demande de visa humanitaire ne peut être déposée qu’en dehors du territoire afghan auprès d’une représentation suisse à l’étranger en mesure de délivrer des visas. Tel est notamment le cas des représentations d’Islamabad, de Téhéran et d’Istanbul.
Existe-t-il un moyen de savoir à l’avance si la demande de visa humanitaire a une chance d’être acceptée ?
Il est possible de demander un conseil informel sur les chances par écrit à une représentation suisse. Une telle demande doit être suffisamment motivée et étayée pour qu'une évaluation préliminaire puisse être effectuée (description de la menace immédiate, concrète et grave, données sur la personne concernée, description du lien avec la Suisse). Les déclarations générales non étayées ne sont pas suffisantes. L'examen préliminaire est une évaluation préliminaire informelle ; un examen final et une décision formelle ne sont possibles que lors de l'entretien personnel avec la représentation suisse.
Qui examine la demande de visa humanitaire ?
La mission diplomatique suisse à l'étranger examine les demandes en collaboration avec le SEM. Il n'existe aucun droit légal à l'octroi d'un visa.
Quels critères doivent être remplis pour qu’un visa humanitaire soit délivré ?
Pour obtenir un visa humanitaire, il y a des critères fondamentaux à remplir simultanément :
L’existence d’une menace directe, concrète et sérieuse pour la vie et l’intégrité corporelle doit être prouvée. Vu la situation en Afghanistan, il doit s’agir d’une menace individuelle et concrète, mettant directement la vie en danger (l’appartenance à un groupe potentiellement menacé ne suffit pas).
Des critères supplémentaires peuvent être pris en considération, comme l’existence d’attaches avec la Suisse, les perspectives d’intégration dans notre pays ou l’impossibilité de demander protection dans un autre État. L’existence d’un lien étroit et actuel avec la Suisse, en particulier, revêt une importance essentielle dans la décision d’octroi d’un visa. Ce critère s’inscrit dans le cadre d’une évaluation globale de la demande de visa humanitaire et fait l’objet d’un examen au cas par cas.
Peut-on quitter le pays de séjour avec un visa humanitaire ?
De par la délivrance d’un visa pour motifs humanitaires au sens de l’art. 4 al. 2 OEV, la personne concernée est légitimée à entrer en Suisse. Toutefois, cela ne lui garantit pas la sortie effective du pays dans lequel elle séjourne et il appartient à la personne concernée d’organiser son départ du pays dans lequel elle séjourne. Certains Etats n’autorisent pas la sortie du pays lorsque la personne y séjourne de manière illégale et/ou ne dispose pas de passeport national. Un laisser-passer délivré par les autorités suisses ne remplace pas le passeport national mais légitime uniquement à entrer en Suisse. Il s’agit de restrictions de la compétence des pays concernés, à l’encontre desquelles les autorités suisses n’ont aucune influence.
Réunion de famille
Pour qui existe-t-il une possibilité de regroupement familial ?
Pour les membres de la famille nucléaire (conjoints et enfants non mariés jusqu'à l'âge de 18 ans), il existe une possibilité de regroupement familial conformément aux dispositions applicables en matière de droit des étrangers ou de droit d'asile.
Où les demandes doivent-elles être déposées et qui les examine ?
L'autorité à laquelle les demandes de regroupement familial doivent être soumises diffère selon l'autorisation de séjour ou d'établissement de la personne vivant en Suisse:
- Les demandes de personnes étrangères titulaires d'une autorisation de séjour B (art. 44 LEI) ou d'une autorisation d'établissement C (art. 43 LEI).
Les demandes doivent être déposées auprès de l'autorité compétente en matière de migration du canton de résidence du demandeur. Le canton est chargé d'évaluer la demande et de répondre à toute question à ce sujet. En outre, la personne à rejoindre doit déposer une demande de visa auprès d'une représentation suisse disposant d'une section consulaire.
- Demandes des personnes admises provisoirement avec un permis F (art. 85c LEI)
Les demandes doivent être déposées auprès de l'autorité compétente en matière de migration du canton de résidence du demandeur. Le canton examine la demande dans le cadre d'une procédure préliminaire cantonale, après quoi les demandes sont envoyées au SEM pour la suite du traitement et une décision.
- Demandes des réfugiés reconnus comme ayant droit à l'asile avec un permis de séjour B ou un permis d'établissement C (art. 51, al. 4 de la loi sur l'asile)
Les demandes d'asile familial doivent être présentées par lettre au SEM (Secrétariat d'État aux migrations SEM, Quellenweg 6, 3003 Berne-Wabern). À cette fin, le SEM a besoin du numéro N du réfugié reconnu, des détails précis sur les personnes pour lesquelles le regroupement est demandé, ainsi que des preuves appropriées du lien familial.
L’entrée sur le territoire est-elle soumise à un visa dans le cadre du regroupement familial ?
Oui, un visa est nécessaire pour entrer en Suisse. Les demandes doivent être présentées en personne à une représentation à l'étranger.
Mon partenaire ne dispose d’aucun document officiel de son pays d’origine. À qui doit-il s’adresser pour s’en procurer ?
Les autorités afghanes de facto ont compétence pour délivrer des documents de voyage officiels.
Peut-on quitter le pays de séjour avec une autorisation d’entrée pour regroupement familial ?
De par la délivrance de l’autorisation d’entrée en vue du regroupement familial en Suisse, la personne concernée est légitimée à entrer en Suisse. Toutefois, cela ne lui garantit pas la sortie effective du pays dans lequel elle séjourne et il appartient à la personne concernée d’organiser son départ du pays dans lequel elle séjourne. Certains Etats n’autorisent pas la sortie du pays lorsque la personne y séjourne de manière illégale et/ou ne dispose pas de passeport national. Un laisser-passer délivré par les autorités suisses ne remplace pas le passeport national mais légitime uniquement à entrer en Suisse. Il s’agit de restrictions de la compétence des pays concernés, contre lesquelles les autorités suisses n’ont aucune influence.
Aide sur le terrain
Dans quelle mesure la Suisse soutient-elle la population afghane ?
La Suisse participe à divers projets visant à protéger les réfugiés afghans en Afghanistan, en Iran et au Pakistan. Depuis mars 2025, la DDC possède à nouveau un bureau en Afghanistan pour réaliser sur place son programme d’aide humanitaire en faveur de la population afghane en détresse (budget annuel : 25 millions de francs ; priorités : apporter une assistance à la société civile [surtout aux femmes et aux filles] et garantir la sécurité alimentaire dans les zones rurales).
Évaluation des demandes d'asile de ressortissants afghans
Que signifie le changement de pratique opéré par le SEM en juillet 2023 pour les femmes et les filles d’Afghanistan ?
Le SEM a développé une nouvelle pratique pour les femmes et les jeunes filles originaires d'Afghanistan. Cette dernière est entrée en vigueur le 17 juillet 2023.
Changement de pratique :
Depuis la prise de pouvoir des talibans, la situation des femmes et des filles en Afghanistan s'est continuellement détériorée dans de nombreux domaines de la vie. Les nombreuses restrictions et les règles de conduite imposées ont de graves répercussions sur leurs droits humains fondamentaux et les limitent massivement. Dans ce contexte, les requérantes d'asile afghanes peuvent être considérées comme victimes à la fois d'une législation discriminatoire (appartenance à un groupe social déterminé) et de persécutions pour motif religieux - pour autant que d'autres motifs de persécution pertinents en matière d’asile n'entrent pas en ligne de compte - et le statut de réfugié doit leur être accordé. Le SEM continuera d'examiner leurs demandes au cas par cas.
Sur le plan formel :
Les Afghanes dont la demande d'asile a été rejetée par le passé et qui bénéficient d'une admission provisoire ou du statut de réfugié dérivé sont libres, dans le cadre de cette adaptation de la pratique, de déposer une demande écrite auprès du SEM pour obtenir le statut de réfugié originaire et l'asile. Les demandeurs afghans qui n'ont pas encore suivi de procédure d'asile doivent se présenter dans un centre fédéral d'asile (CFA) et suivre la procédure d'asile ordinaire.
Les demandes écrites doivent remplir les conditions formelles habituelles pour pouvoir être traitées par le SEM. Ainsi, la demande doit être déposée par écrit auprès du SEM (Secrétariat d'Etat aux migrations, Quellenweg 6, 3003 Berne) par courrier postal ou - si elle est électronique - via PrivaSphere (cf. Communication électronique des écrits aux autorités). La demande et l’éventuelle procuration doivent comporter la signature de la ou des personnes qui déposent la demande. En cas de demande d’inclusion du conjoint/partenaire au sens de l'art. 51 al. 1 LAsi dans l'asile et la qualité de réfugié de son épouse/partenaire, le conjoint/partenaire doit être mentionné nommément ; il doit également signer la demande/la procuration. Lorsque des enfants mineurs communs sont inclus dans la demande, ils doivent être mentionnés nommément et la demande/la procuration doit être signée par les deux parents. Les requérantes majeures doivent déposer une demande séparée, les requérants majeurs ne peuvent être ni inclus dans la demande des parents ni inclus de manière dérivée dans la qualité de réfugié (de la mère).
Le SEM attire ici l'attention sur le fait que le traitement des demandes subséquentes peut prendre un certain temps.
Que signifie le changement de pratique opéré par le SEM en avril 2025 et qui est concerné par ce changement ?
Le SEM est parvenu à la conclusion que l’exécution des renvois en Afghanistan était à nouveau raisonnablement exigible à partir de la mi-avril 2025, dans certaines circonstances et pour une catégorie de personnes déterminée. Concrètement, ce changement concerne les hommes majeurs et en bonne santé qui séjournent seuls en Suisse et disposent, dans leur pays d’origine, d’un réseau relationnel stable et solide permettant leur réintégration sociale et professionnelle. Si leur demande d’asile est rejetée, ils peuvent faire l’objet d’une décision de renvoi et être tenus de quitter la Suisse. Ils ne sont plus admis à titre provisoire. Le changement de pratique s’applique en premier lieu aux requérants afghans qui sont en cours de procédure d’asile et qui appartiennent à la catégorie de personnes susmentionnée.
Les personnes admises à titre provisoire sont-elles également concernées par le changement de pratique ?
Le SEM se réserve le droit, dans certains cas, de réexaminer une admission provisoire déjà accordée. Le changement de pratique ne concerne pas les Afghans qui remplissent la qualité de réfugié et obtiennent l’asile (ou l’ont déjà obtenu).
De plus amples informations sur ce changement de pratique sont disponibles dans le communiqué de presse publié en mars 2025 et dans la fiche d’information «Reprise des renvois vers l’Afghanistan» (PDF, 144 kB, 27.03.2025).
Exécution des expulsions de demandeurs d'asile afghans
Les renvois vers l'Afghanistan seront-elles effectuées?
L’exécution d’un renvoi peut être ordonnée dans certaines circonstances (cf. également « Évaluation des demandes d’asile de ressortissants afghans »).
Depuis la fin du mois de septembre 2024, le retour en Afghanistan est à nouveau techniquement possible : le trafic aérien s’est stabilisé et l’aéroport de Kaboul fonctionne normalement et se voit desservi par plusieurs compagnies aériennes. Autre condition impérative pour un retour (qu’il soit volontaire ou forcé) : les personnes doivent disposer d’une pièce d’identité (document de voyage ou laissez-passer) délivrée à partir d’août 2021 par les autorités de facto de Kaboul.
Dernière modification 20.05.2025